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Scène VII
Le Père Ubu, Omoplate et Pancréas.
Le Père Ubu : Avez-vous tout bien entendu mes fidèles? Comte de lIntorsion et de lInterscapulium. voilà qui flatte bien les oneilles. Dici trois jours je serai marié à la fille du roi et dans un mois, le diable si je ne deviens moi-même roi de Dacia ! Cornocul et jubilation! Le bel avenir que voilà ! Ce qui minquiète, ce sont ces deux carapassons dont je dois moccuper. Je nen ai jamais vu ni de loin, ni de près et je me demande bien comment on en vient à bout. Si seulement je savais me servir de cette Manivelle à Rien... Quimporte avec mes palotins je parviendrai sûrement à moccuper de ces bestiaux sans trop de dommages. Nest-ce pas mes braves que vous protégerez notre gidouille au péril de votre vie pour que votre bon Père Ubu puisse à nouveau porter capeline et amasser de nombreuses espèces sonnantes et trébuchantes dans son voiturin phynancier? Allons venez. Il est temps de voir à quoi ressemblent ces bestiaux qui me feront roi. Ils quittent tous les trois la salle du trône.
Fin du Premier Acte ACTE II Scène Première Vésicule. La campagne aux abords du palais. Vésicule : (sortant de derrière un buisson) Ce coquin de Père Ubu ! Encore en train dourdir une sombre machination dont il a le secret. Le Roi Macropode a certainement perdu lentendement et les morilles pour faire confiance à un si fieffé forban que cet homme là. Laisser la douce Rubiette dans les pattes de cet ogre est un crime que je ne permettrai pas, même si pour cela je dois lenlever sur mon bicycle et ainsi perdre mon titre et mon rang. Mais jentends venir. Cachons-nous dans les buissons. Ah ! Trop tard !
Scène II Le Père Ubu, Omoplate, Vésicule et Pancréas.
Le Père Ubu : (suivi de Pancréas et Omoplate) Vésicule, vil gredin ! Te voici enfin ventregidouille ! (Il lagrippe par les oreilles) voilà des heures que je te cherche en vain. Trouve donc dans ta besace la râpe à fromage que je me gratte le dos, avant que je ne tassomme à grands moulinets de houssine. Il me semble que mes puces se réveillent. (Il rote) Par mes moustaches, bassine à merdre ! Ce vin nétait pas si mauvais, jen ai encore la panse encore toute rebondie et la vessie bien remplie. Pancréas ! Omoplate ! Soyez attentifs à guetter les alentours pendant que je me soulage contre cet arbre, que ces carapassons ne nous échappent ni ne sur-prennent. Cest que voyez-vous, je suis pressé car jai décidé que je serai roi demain. Juste après mon mariage avec la princesse, je massacrerai Le Roi Macropode et je pillerai son trésor pour moffrir une énorme ripaille dhuîtres et de perquilois frits dans leur sauce. Vésicule : Mais, Père Ubu, noubliez-vous pas la Mère Ubu avec laquelle vous êtes marié ? Ne craignez-vous pas, si le roi lapprend, quil refuse de vous donner la main de sa fille ? Le Père Ubu : Carnage et testicules ! Et de quoi te mêles-tu théromorphe ? Que je ntarrache les idées de la teste à la truelle à frire ! Luxure et déjection ! Omoplate : (à la longue-vue, désignant un endroit vers les coulisses) Monsieur, monsieur ! Voici venir sur lhorizon deux bêtes qui pourraient bien être les carapassons que vous cherchez. Le Père Ubu : Ah merdre ! Cest que je nai pas encore eu le temps de pisser moi. Tant pis, sinople et cataractes, je pisserai quand même. Omoplate ! Prends la machine à esturgeons et pars à gauche. Pancréas ! Je te confie lusage de la machine à tartines et le flanc droit. Vésicule ! Monte la Manivelle à Rien et tiens-toi prêt à protéger notre gidouille si le danger vient par ici le temps que je pisse. (Il se dirige vers un arbre au fond de la scène tandis que Pancréas et Omoplate sen vont par la droite et la gauche vers les coulisses.) Scène III Le Père Ubu, Vésicule puis les deux Carapassons. Un vague brou-haha se fait entendre en provenance des coulisses. Vésicule sort de son sac une bicyclette pliable, la déplie en vitesse avec frénésie et quitte la scène vers la gauche. Le Père Ubu : (Toujours pissant, se retournant vers Vésicule juste au moment où celui-ci enfourche sa bicyclette.) Ventripotence et volupté ! Me voici maigri dau moins vingt livres. Cornocul, Vésicule ! Que manigances-tu et quest-ce que cest que tout ce vacarme? Reviens coquin ! Un énorme bruit entre-mêlé de cris suivi dun nuage de poussière arrive par la droite des coulisses. La scène tremble. Surgissent les deux carapassons qui traversent la scène dans sa longueur et renversent le Père Ubu.
Scène IV Le Père Ubu, Omoplate puis les deux Carapassons.
Le Père Ubu : (au sol, perdu dans le nuage de poussière. Le bruit de la charge séteint dans le lointain.) Au secours! Au secours ! Je meurs ! On mécrabouille ! On me broie la moelle ! On me presse la rate ! On méréne ! A moi quelquun ! Ny a-t-il personne pour aider le pauvre Père Ubu ? Omoplate : (Il parle du nez.) Me voici Monsieur Ubu. (Il laide à se relever.) Quelle chance jai davoir une ouïe si fine. Cest que, voyez-vous, ma mère était luthier et mon père lutin me semble-t-il. Vous entendant crier à gorge déployée, je me suis dit quil valait mieux grimper à un arbre et attendre vos ordres un petit moment. Heureusement, vous navez rien. Le Père Ubu : (Menaçant Omoplate du poing) De par ma chandelle verte ! Merdres et déjections ! Voici que lon me piétine, que lon me sphacelle les grèves et môsieur prétend que je nai rien ! Que je nte démolisse les osselets, faquin ! (Il le frappe à grands coups de poings et Omoplate roule à terre.) Omoplate : Aïe ! Ouille ! (Il roule vers le fond de la scène.) De la gauche des coulisses reviennent les deux carapassons dans un même brou-haha et nuage de poussière. Le Père Ubu : Quest-ce donc encore que cela ? Ah ! Au secours mon bon Omoplate ! Quon nme piétine à nouveau les tripes ! (Il est à nouveau renversé et roulé dans la poussière.)
Scène V Le Père Ubu, Pancréas, Omoplate puis Vésicule. Le Père Ubu : A laide, par ma capeline ! On massassine ! Ny a-t-il personne pour aider le pauvre Père Ubu qui se meurt ? Pancréas : (arrivant par la droite, dans un équipage poussiéreux de piétiné notoire) Oui monsieur Ubu, me voici. Quy a-t-il pour votre service que nous pouvons faire ? Le Père Ubu : Ah bougres ! Traîtres ! Parjures ! Navez-vous point promis de protéger notre gidouille de tout danger, monstres indignes ? A moi ma machine à claques ! (Il en distribue généreuses quantités aux deux palotins.) Omoplate et Pancréas : (se protégeant comme ils peuvent.) Ouille ! Aïe ! Mais Père Ubu, ne savez-vous point que cest douloureux de recevoir tous ces coups ? Le Père Ubu : (cognant de plus belle) Clairvoyance et Pyrogravure ! Certes, gueux que je le sais. Cest bien parce que dans le passé mes mains mont grandement fait souffrir à vous cogner vous, la Mère Ubu et tous les autres quaujourdhui jutilise cette machine à claques de mon invention ! Voyez comme elle fonctionne ! Omoplate et Pancréas : (roulant au sol sous lavalanche de coups) Ouille ! Ouille ! Père Ubu ! Pancréas : (réussissant à se mettre à genoux pendant que le Père Ubu semble se concentrer sur Omoplate.) Oh, Père Ubu ! Ne sont-ce point là les deux carapassons qui reviennent par ici ? Le Père Ubu : (jetant des regards apeurés à droite à gauche.) Hein ? Où donc ? Oh, allons mes braves, aidez moi à sauver notre gidouille déjà bien endolorie par les affres de la journée et les manigances de ces monstres. Grimper à un arbre, disais-tu tout à lheure mon bon Omoplate ? (savisant de larbre au fond de la scène et se précipitant vers lui) Vite, diarrhée et dynamisme ! Si jai pu pisser sur cet arbre, je pourrai aussi bien lescalader ! Allons! Allons gastéropodes lentissimes ! Venez maider ! Pous-sez-moi donc au cul que je magrippe aux branches avant que les monstres narrivent ! Omoplate et Pancréas commencent à savancer vers le Père Ubu et son arbre en traînant savate lorsquapparaît Vésicule sur son vélocipède. |