Landau,
ce 14 août 1907
Mes
chers parents,
Je
n'ai vraiment pas de chance ! Arrivé depuis huit jours à peine à
Landau, je me suis rendu au champ de manoeuvres pour photographier
quelques uniformes comme il y a deux ou trois ans. Un officier qui peut-être
n'aimait pas
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beaucoup
les français me dit de m'éloigner et, comme je m'excusais en faisant
valoir ma qualité de français, il a appelé trois hommes qui m'ont
conduit au poste de police de la caserne du 5eme régiment d'artillerie,
à Landau. J'y suis resté depuis 9 heures du matin jusqu'à 3 heures
1/2. Alors, on m'a conduit en voiture devant un |
juge
d'instruction qui s'est, heureusement pour moi, montré très aimable,
ainsi que l'officier interprète. Après les formalités d'usage,
interrogatoire etc., j'appris qu'on avait perquisitionné chez moi...!
Je
crois que la perquisition aura été bien inutile car je n'avais rien de
compromettant bien sûr ! Le juge me dit ensuite que je devais être
consigné à sa |
disposition
jusqu'à nouvel ordre, jusqu'au développement des plaques par moi
prises !
Heureusement pour moi que je n'avais pour but que les soldats et non le
mécanisme de leurs canons qui m'est bien égal, comme vous le pensez
bien !
Enfin, bref, d'après les promesses du juge, je m'attendais à une
prison au moins confortable !!
Eh
bien oui !!! on m'a fouillé d'abord et traité |
comme
un criminel. Je suis en cellule, pas confortable du tout, effroyablement
seul. Je n'ai pu fermer l'œil de la nuit. Tu comprendras facilement mon
angoisse ! Je ne sais quand je serais libre, mais je suis bien triste.
La solitude surtout me pèse, loin de vous que j'aime tant, au milieu de
gens que je sens mal disposés à mon égard ! Ah ! si j'avais su ! Je
n'aurais certainement pas entrepris d'aller sur ce sale champ de manoeuvre.
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- René Salmon ne pourra dévoiler
les détails HORRIBLES de sa détention qu'après sa libération.
- PRÉSENTÉ
- PAR
- ÉRIC
- WALBECQ
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